Que veut dire un être humain (ou son corps) comme sujet d’expérimentation ? Est-ce compliqué ?
Des cercles à complexité « exponentiellement » croissante Je vais tracer plusieurs cercles et vérifier si vous m’accordez que chaque cercle suivant est considérablement plus compliqué que le précédent… Un corps est un « objet » mécanique. Os, articulation, résistance, gravité, … Calculer la limite de résistance d’un os : tout va bien. Imaginer l’immobilisation d’un os fracturé : d’accord. Mais parler intelligemment d’une articulation y compris muscles, ligaments, fascia, peau, c’est déjà une autre affaire, réservée aux orthopédistes et kinésithérapeutes. Quant à se prononcer sur un système poly-articulaire voire sur les questions de statures, je pense personnellement que c’est l’aventure. Premier cercle. Un corps est une « machine » biochimique : le rein est attaché au psoas, muscle profond qui vous permet de lever votre jambe pendant la marche par exemple. Un dysfonctionnement du rein peut avoir des conséquences sur le muscle ou vice versa. Ou pire, à distance : tel organe, produisant tel substance nécessaire dans tel processus impacte tel autre organe. Ou pire : la cascade hormonale. Le « mécanique » se reporte sur l’organique qui se reporte sur le contrôle (hormonal)… Ou l’inverse… Mais lequel ? Deuxième cercle. Un corps « électrique cybernétique » : sur base de vos stimuli, votre système cérébral et nerveux se met en route et provoque décharges nerveuses et hormonales diverses, encastrées les unes dans les autres et munies de système de retour qui l’informe du résultat, permet toutes sortes de modulations et d’ajustements, etc. Troisième cercle. Un corps ému et mental : votre psychologie et les histoires qui vous font, selon les écoles, influencent ou sont influencées par votre corps. Ici, je préfèrerais parler carrément de monde et d’indétermination plutôt que de cercle. Certains voudront ou rajouter la galerie de vos ancêtres et de leurs traumas ou un panthéon de dieux et leur agendas mystiques personnels ou astraux. A évolution lente et certaine Un dernier ingrédient augmente la difficulté à résoudre nos troubles : les effets d’une thérapie ou d’une mauvaise habitude peuvent prendre du temps… On parle souvent en mois, en années voire en décennie de pratique quant au yoga… Et si on parle de transformation, prudemment, on ajoute sur 5, 10 ou 20 ans… |
Mais ce n'est pas "juste" plus compliqué...
Passer du niveau "cérébral, neuro-moteur ou électrique" au niveau "émotion" ne multiplie pas par 2 ou par 10 la complication: c'est "beaucoup" plus compliqué!
Nous avons tendance, ou avons appris, à considérer un "phénomène psychologique" comme un objet simple, nommable, manipulable. Mon opinion est que cela implique l'histoire et le mode de réaction d'une personne: tout peut y être lié ou pas. Bien malin celui qui prétend pouvoir dire ce qu'un autre ressent alors que nous même, pour nous même, restons souvent une énigme en mouvement. S'entendre sur ce fait est primordial pour définir ce dont nous parlons: vous êtes convoqué.e à chercher une variation de ces éléments qui vous conviennent. Même pour vous même, il faut accepter, envisager que cela est "très compliqué". Une fois cela acquis, nous serons beaucoup plus à l'aise pour nous entendre sur ce que nous faisons... |